Aux portes de la Chancellerie.

Notre mémoire était incroyable, heureusement car aucun de nos gardes n'auraient su nous donner le bon chemin, nous n'en doutions pas et c'est tout à fait naturellement que nous arrivions seul, de préférence, en la Chancellerie Franc Comtoise.

Traversant le monde, nous observions, un peu rêveur, les hauts bâtiments, en calculant géométriquement combien de temps et combien d'ouvriers y étaient passés. De toute beauté somme toute, nous nous arrêtions devant la garde habillée de deux hommes armés et d'une porte que nous pouvions atteindre des yeux jusqu'au sommet de sa voûte, uniquement si nous les levions. Sculpturale, c'est le mot qui nous était venu à l'esprit.

Nos mordorés revenant aux deux oiseaux, gardiens de notre sécurité, il était temps de se mettre à l'oeuvre.

Vous avez un bon cadre de travail Messieurs, j'espère que vous en êtes bien avertis.

Politesses faites, le hall s'ouvrait à nous le jeune Sparte. Nous gardions en mémoire la place qu'il y avait à prendre. Les dires de Son Excellence lorsque nous échangions en taverne n'était pas tombés dans l'oreille d'un sourd, de surcroît, un de nos frères bâtards semblait lui avoir fait bonne impression, tout comme notre aîné, Alexis, ce qui nous semblait non négligeable pour faire bonne figure.

A la personne qui faisait office d'accueil, nous nous présentions.

Son Altesse Childéric De Sparte, sénéchal de Liège et de Breslau, je dois m'entretenir avec Son Excellence Cesare De Copona.

Et attendions.

Cesare avait été prévenu de la visite d'un sénéchal. Voilà qui semblait assez singulier pour marquer l'esprit de notre héro. Que venait faire un militaire à Cléron? Allait-il lui demander d'installer sa garnison au château en ce temps de pseudo-paix? C'est une question que Cesare ne se posait pas. Non : il se demandait plutôt quel accueille devrait-il réserver à un tel invité. Il s'en alla adoncques à l'entrée du château pour y découvrir le prince Childéric. Il esquissa un léger sourire, et s'avança pour le saluer.

Votre Altesse ! Soyez le bien venu à Cléron. Vous en prie suivez-moi. Nous serons plus à l'aise dans un salon pour discuter.

Le chancelier lui désigna alors une porte dans la couloir principale, porte qui se fit ouvrir par un valet, et dans laquelle les deux hommes pourraient discuter en toute sérénité.

Avez-vous fait bon voyage? Désirez-vous quelque chose?

Et bonjour.

Disions à l'office d'accueil qui nous regardait.
Les yeux des autres ne nous dérangeaient pas, et nous doutions qu'un jour cela arrive.
Son Excellence entrait en même temps que nous allions demander si l'attente serait longue, car, une chaise plutôt simple mais séduisante nous narguait sous un silence boisé.

Ah! Merci Votre Excellence, je vous suis, un salon c'est très bien!

L'assise ne nous importait plus beaucoup, et nous l'avions quitté sans un regard pour suivre son Excellence jusqu'à une porte dans le couloir, qu'un hui avait ouvert, il paraissait heureux de son poste, bon.
A l'intérieur, nous répondions à Cesare, alors que la porte se refermait.

Fort bien et je veux bien un verre de vin, vous en prenez avec moi? Aussi, je désire travailler à vos côtés, le but de ce voyage, finalement.

Et le vin vint. Deux verres furent servis. Le chancelier en tendit un premier à son interlocuteur, et prit le second par la suite.

Bien, Votre Altesse. Je vais tout d'abord vous poser quelques petites questions, avant que nous ne réfléchissions à un avenir commun. Si vous commenciez par me décrire vos motivations ainsi que la personne que vous êtes?

Pendant que nous buvions le vin, fameux, et, même si notre ampélographie restait vaste, nous jugions la gustation capiteuse et chaleureuse.
Cesare avait repris son rôle, nous l'écoutions le museau à lamper le pourpre parfum, et nos yeux droitement posés aux siens.

Bien, permettez-moi de vous dire qui je suis d'abord Votre Excellence.

D'humeur sereine nous répondions avec le palais adoucit.

Tout d'abord, je suis un Sparte.
Mais je suis aussi capable de trouver l'humilité essentielle pour pouvoir échanger et partager avec l'Autre, même si je n'ai aucune expérience en Diplomatie, et que j'aime torturer les fous qui se risquent à venir vouloir me nuire!

Nous avions ris un peu, conditionné par notre jeunesse Impériale, et bu une gorgée passagère.

Sinon quoi, je suis assidu, toujours dans l'écoute active, frais, prêt, quand à ma mes motivations, elles sont la paix et l'enrichissement intellectuel ou autre.
Voilà Votre Excellence, est ce faits suffisants pour être un bon ambassadeur, à vous de me le dire maintenant. Très bon ce vin de même Votre Excellence.

Le chancelier esquissa un léger sourire.

Je ne sais pas si cela est suffisant pour devenir ambassadeur, mais c'est néanmoins suffisant pour répondre aux questions qui ont été posées. En parlant de devenir ambassadeur : pourriez-vous me parler de cette fonction? En quoi cela consiste? Avez-vous des connaissances dans d'autres domaines, ou dans d'autres langues que le français? Quelles fonctions avez-vous déjà?

Nous nous étions regardé par le reflet de la fenêtre, le temps d'une fugue imperceptible.

Non, je compte que ce soit vous qui m'en parliez, et j'ai des connaissances vastes dans plusieurs domaines, je parle toutes les langues.

Nous mentions sans changer de face, il n 'y avait que le Français pour nous mettre à l'aise.

Mais je préfère échanger avec des francophones, pour les postes que j'ai déjà, je suis sénéchal de Liège et de Breslau et dans l'armée de notre Province. Vous avez une liste si longue de prétendants aux postes que vous faites le difficile? Je compte peut-être aider à la prévôté aussi.

Peut-être.

Cesra restait stoïque, prenant des notes.

J'aimerais tout de même que vous m'en parliez. J'ai besoin de savoir vos connaissances à l'heure actuelle pour pouvoir apporter une meilleure réflexion sur votre candidature.

Et je pourrais être seul dans cette institution, je ne délaisserais pas pour autant la qualité de mes fonctionnaires pour leur nombre. Bien, puisque Breslau est polonophone et que Liège est en parti néerlandophone, vous devriez pouvoir me parler au moins en ces deux langues.

Quels sont les domaines dans lesquels vous avez des connaissances, et quelles connaissances?

Naturellement.

Sincèrement nous les comprenions mieux que nous les parlions, et pour tout dire, Cesare commençait à nous envahir avec toutes ses questions, son air impassible n'arrangeant rien.

Je ne connais rien à la Diplomatie, je vous l'ai dit, je connais mieux les domaines législatif et sécuritaire, pour le reste, à vous de me faire confiance Votre Excellence, suis-je de qualité ou non?

Nous avions bu une nouvelle fois.

Laissez-moi vous montrer et expliquez moi ce Domaine qui vous tient à cœur. J'ai tout à apprendre.

Et reposé notre coupe, vide, en le regardant lui.

Sans émotion, le chancelier prenait des notes.

Le législatif est un domaine intéressant. Je suis très attaché aux lois. D'ailleurs, les lois comtoises définissent l'ambassadeur et expliquent son fonctionnement. Vous êtes certain de ne pas vouloir faire l'effort de répondre à mes questions?

Je ne pourrai répondre à la vôtre qu'à la fin de notre entretien, et j'ai encore des questions.

Quelles provinces aimeriez-vous avoir? Pensez-vous pouvoir vous y rendre In Gratibus?

Nous continuions l'entretien qui nous semblait interminable, sans montrer la moindre fatigue.

Je sais que le Corps Diplomatique a pour objectif de maintenir les relations entre la Franche-Comté et les provinces de l’Empire de même que les États étrangers et d’établir des traités bénéfiques pour le Comté.

Que le Chancelier est le chef de la diplomatie. Qu'il a pour mission de développer et d'améliorer, avec les ambassadeurs et les membres du Conseil concernés, des relations durables et de qualité, en tous domaines, avec les autres Comtés et Duchés.
Qu'il est en charge de la gestion du corps des ambassadeurs.

Qu'un ambassadeur est un représentant d'un Comté/Duché auprès d'un autre Comté/Duché.
Il est subordonné au Conseil de son Comté/Duché par l'intermédiaire du Chancelier/Chambellan, qui lui, tient ses fonctions directement du Comte/Duc. Il ne tient donc son pouvoir que de lui (le Conseil) et ne l'exerce qu'en son nom et sur sa demande expresse.

Et qu'on lui demande, un sens aigu de la diplomatie, un sens développé du travail en équipe,de grandes qualités de lecture et de compréhension, une excellente élocution, un sens aiguisé du respect et, un esprit de synthèse, mais tout ça, ce sont les lois, je n'ai aucune expérience en la matière Diplomatique de terrain.

J'aimerais un Comté/Duché limitrophe, car je ne pourrais pas me déplacer facilement In Gratibus. Le Lyonnais Dauphiné pourrait me plaire, ma promise connait bien le coin.

Surtout qu'il avait d'autres questions.

Cesare afficha quelques secondes une grande surprise sur son visage lorsqu'il écouta la réponse de son interlocuteur. Il se reprit néanmoins et termina de noter, avant de poser le parchemin. Il prit son verre, et se désaltéra d'une gorgée avant de prendre la parole.

Bien. Les portes de la chancellerie ne vous sont pas fermées. Néanmoins je pense que, pour le moment, il est mieux de ne pas précipiter votre entrée au sein de l'équipe diplomatique. Vous savez répéter les lois, certes. Cependant j'aurais souhaité que vous me parliez de votre compréhension de ces textes.

Je ne prends plus le risque d'offrir une expérience de terrain sans un minimum de connaissance théorique nécessaire à la bonne compréhension de la pratique, c'est moins dommageable pour l'institution.

J'espère adoncques vous revoir d'ici quelques temps, Votre Altesse.

Parce que vous dîtes que je ne comprends pas ce que je vous récite.
Fort bien, j'espère vous revoir aussi Votre Excellence.

Merci et bonne journée.